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| Sujet: Les préjugés... (libre) Dim 9 Jan - 7:30 | |
| Quelques jours que je suis arrivé et rien ne me plait ici. Je n’ai que peu de chances de trouver celui qui a posé le sceau de son approbation sur l’ordre de détruire notre territoire. Mais chaque jour les probabilités semblent plus en ma faveur. Les pourcentages, les sondages, tout ce que crachent vos télés et vos radios… Des chiffres qui sont sensés représenter des possibilités, des actes, des personnes, de la nourriture, de la joie. Il faut tout rationaliser dans votre monde, tout doit avoir un nom qui lui est propre pour qu’aucun doute ne soit laissé. Vous n’aimez pas l’incertitude, elle vous glace le sang et vous broie le cœur. Tout est bon pour croire que tout est sous contrôle. Dieux et chimères, physiciens et algorithmes, chacun choisi en quoi croire pour nier le hasard.
Si je lance une pièce, sans savoir si elle tombera sur pile ou face, ils auront tous une réponse, ces gens que vous suivez. L’un me dira que c’est la probabilité statistique qui importe. L’autre ira me dire que l’inclinaison, la force et la pesanteur lui donneront le résultat. Un autre encore me dira que de toute façon, le destin de cette pièce est écrit quelque part. Mais je me fous de toute ça, je me fous de vous comme d’eux. Cette pièce quelle que soit sa face ne m’importe en rien. Car l’argent et les sciences, les croyances et la peur du hasard ne m’ont pas été inculqués. Je n’ai toute ma vie eu peur que de perdre les miens, et lorsqu’ils sont venus souiller notre Terre, ils m’ont plongé dans l’horreur.
Alors que devrais-je craindre à présent ? La mort ? La douleur ? Le handicap ? L’emprisonnement ? La servitude ? Quoi ? Qu’est-ce que vous pourriez bien produire de plus terrifiant que ce que j’ai pu vivre. Je serais votre peur à présent, je le vois dans les yeux des votre lorsque je m’approche. Je suis l’écrasante sensation du vide. Je suis la force thériomorphe qui étreint vos espoirs dans les mâchoires affamées de vengeance que sont mes désirs. Et là, alors que je sors le soir dans la lumière éternelle de vos rues. Alors que je me réfugie dans le peu d’ombre que j’ai pour éviter les foules. Alors que je cherche à manger pour survivre. Vous êtes encore là. Un homme, jeune, qui s’adresse à moi sans connaître ma langue ou celle de ce pays. Je me redresse, il recule et fuit… Il va en chercher d’autre comme vous, il ne court pas bien loin. Son sang chaud se repend sur le dos de ma main et entre mes doigts alors que ma lame plonge sous ses côtes. Je déchire sa chair, empoisonne son sang avec son foie. Ce même foie qui empoisonne ceux qui le mange cru. J’étouffe son cri en plongeant ma main dans sa bouche puis je plonge ma lame à l’arrière de son crâne. Il se tait, s’effondre, meurt. Par delà l’odeur du sang, celle de l’huile, les rides se plissent autour de mon nez. Trop de graisse pour peu de viande. Mais la faim ballait le goût. Je plonge sur la carcasse métallique qui semble détenir de quoi me nourrir. |
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