Il faudrait que tu te rapelles ... |Pv Mimi

Quand Mimi descendit dans la salle à manger ce matin-là, elle était d’une humeur massacrante. Sa journée avait plutôt mal commencée : elle avait à moitié fracassé son réveil en l’éteignant et ne voyait pas l’intérêt de se réveiller pour une chose aussi ennuyeuse que l’école. A quoi cela vous servait donc d’apprendre des choses que vous connaissez de vos vies antérieures, et d’étudier des évènements que vous avez vécus ?! Ensuite, la veste qu’elle comptait mettre ce matin était au pressing, ce qui l’avait contrainte à changer ses idées de tenue, et Mimi détestait changer ses plans. Ensuite, la douche était trop froide. Et pour couronner le tout, elle avait soif. Bref, Mimi s’était levée du pied gauche.

Elle jeta un vague coup d’œil aux plats disposés sur la grande table. Rien ne la tentait. Rien n’irait aujourd’hui. Elle avait envie d’un Sang-Rouge… Bien vivant sous ses lèvres… De sa bouche caressant son cou… Le mordant délicatement… Mmh… ! Elle en soupirait d’envie. Elle se leva de table sans avoir touché à la nourriture et remontat dans sa chambre chercher son sac de cours –griffé.

Avant de redescendre prendre un taxi, elle passa la tête dans la chambre de Jack. Elle voulait lui proposer de partager un taxi, s’il n’était pas déjà parti. Sans trop de surprise, elle constata que c’était le cas. Probablement allé se promener. Mimi s’étonnait et s’amusait des différences que présentaient Jack et elle malgré leur géméllité céleste. Jamais Mimi ne se serait levée de bon matin pour aller se balader dans Manhattan ! De même, Jack n’aimait pas toujours se comporter comme un roi. Et pourtant, c’est ce que nous sommes. Azraël et Abbadon. Les jumeaux de l’Apocalypse. Mimi révait des temps de batailles et de guerres où Jack et elle, plus unis que jamais, détruisaient tout sur leur passage. Azraël, car c’est bien elle, attendait avec impatience le moment où elle s’unirait à nouveau avec Jack, Abbadon. Jack montrait cependant moins d’empressement pour ce fait, mais Mimi ne s’en inquiétait jamais longtemps. Abbadon était volage, certes, mais il revennait toujours vers elle, son double et son complément. Madeleine sourit et sortit de l’hôtel particulier.

Sur le trottoir, elle leva le bras pour appeler un taxi. Mais la voiture qui s’arrêta devant elle ce matin n’était pas jaune. En fait, c’était une voiture de sport argentée, une des dernières sorties sur le marché. Mimi leva légèrement les sourcils. Ce n’était pas au programme. Elle se baissa pour regarder par la fenêtre passager le conducteur de cette petite merveille. En fait, celui-ci était Thomas Prescott, un de ses –nombreux- familiers. Un Sang-Rouge un peu lourd, certes, mais elle n’allait tout de même pas refuser de se faire emmener en voiture de luxe au lycée ! Elle esquissa un sourire et entra dans l’habitacle. Et puis, j’avais justement envie de sang, se félicitât-elle.

Quand elle arriva devant Duchesne, Mimi remarqua que, tout compte fait, elle n’était pas plus en retard que d’habitude. Certes, ils avaient dû se garer quelques minutes pour la Caerimonia, mais elle était plus ou moins à l’heure. Et de bonne humeur qui plus est. Rien ne la rendait plus joviale que le sang, sauf, peut-être, Jack. Elle le repéra d’ailleurs avec des gars du lycée. Ils étaient tous plus riches les uns que les autres, mais aussi tous plus rasoir les uns que les autres. Pauvre Jack ! Qu’est-ce qu’il doit s’ennuyer ! Je vais ENCORE devoir le sauver ! ironisa-t-elle.

Elle sortit de la voiture sous les murmures des élèves présents. Madeleine aimait être au centre de l’attention, et elle estima que son entrée, ce matin, était particulièrement réussie. Elle était sûre que tous voudront savoir QUI était son mystérieux conducteur. Elle aura fait le potin de la matinée. Ses pensées furent interrompues par son frère. Celui-ci venait de la saluer et lui souriait désormais. Qu’est-ce qu’il était beau ! Elle sourit à son tour d’un sourire éclatant et un peu narquois.

-Alors, je te sauve encore une fois de tes ‘amis’ ?

Mimi avait toujours pensé que Jack et elle partageait un peu plus que les jumeaux normaux. Evidemment, puisqu’ils étaient âmes sœurs ! Mais selon elle, c’était encore plus profond que cela. Ils devinaient les sentiments l’un de l’autre avec une facilité déconcertante. Et plus encore, ils faisaient les mêmes remarques au même moment, comme si ils avaient deviné la réaction de l’autre avant même qu’il la réfléchisse. Complexe, tout ça ! pensa-t-elle. Mais c’était devenu tout naturel pour eux. C’était la routine, et ça l’amusait.

Et aujourd’hui encore, Madeleine rigola de la remarque de Jack. Elle pensait exactement la même chose ! Les petites péronnelles derrière elle lui tapaient un peu sur le système. D’accord, Mimi aimait qu’on s’intéresse à elle et encore plus qu’on l’admire, que ce soit pour ses tenues, ses sorties ou ses ‘petits copains’. Mais par contre, elle détestait qu’on la presse et qu’on la harcèle. Aussi, aimait-elle faire courir des rumeurs sur elle en ne disant la vérité qu’au bout d’un temps… plus ou moins long.

-Oh ! Je suppose qu’elles veulent absolument connaitre l’identité de mon nouveau copain !

Elle lui jeta un regard en coin et sourit malicieusement :

-Prescott. Tu sais, mon … ex ?

Madeleine aimait beaucoup embêter Jack sur leurs petits copains/petites copines respectifs. C’était un jeu sur leurs sentiments, car ils savaient tous les deux qu’eux seuls comptaient. Mimi s’amusait de cette situation. Quand elle voyait toutes ces petites Sang-Rouges tourner autour de son frère alors qu’il lui était destiné… Quelles idiotes ! Elle éprouvait du mépris, beaucoup de mépris envers elles. Mais également un peu –un soupçon- de jalousie : elles, pouvaient pavaner au bras de son frère avec la joie d’être la ‘copine officielle de Jack Force’. Pas Mimi. Aussi se vengeait-elle en s’affichant avec ses familiers. Malicieuse vengeance …

Déjà enfant, ma relation avec Mimi était sur développé, je tombais et elle avait mal, et vice vers. Nous avions toujours été un peu comme connecté l'un avec l'autre et cette relation avait grandit avec le temps avant de s'effacer doucement. En ce moment on ne pouvait pas dire que nous étions dans une mauvaise passe mais ce n'était plus comme autrefois. Même si ce lien était toujours aussi fort, nous pensions de la même façon, elle me connaissait par coeur et moi aussi. C'était complexe.

Mimi était pourtant pour certaines choses totalement mon opposé. Par exemple elle aimait qu'on la remarque, qu'on l'idolâtre presque, alors que moi j'avais presque horreur de ça, je préférais qu'on me laisses tranquille. Pourtant aujourd'hui ses "amies" semblaient l'énerver, et bien nous étions deux.

Elle me taquina sur l'homme avec qui elle était arrivée. Je n'avais même pas remarqué, enfin plutôt j'avais fais comme ci je ne l'avais pas vu. J'étais très jaloux, et je n'appréciais pas spécialement les familiers de Mimi, surtout qu'il s'approchait un peu trop de ma jumelle. Je savais pourtant que c'était une obligation, j'avais moi aussi des petites amies mais beaucoup moins que Mimi. Ce qui ne collait pas totalement avec ma réputation de coureur de jupon. J'avoues que j'avais toujours aimé les femmes mais à chaque fois je revenais vers mon seul et unique amour. Je levais les yeux au ciel et dis ironiquement :

_" Lequel ?"

Mimi remarqua l’air exaspéré de son frère. Etait-il donc jaloux ? L’idée la fit sourire. Bien sûr ! Autant que moi, je suis jalouse de ses copines, après tout. Mimi aimait savoir que les gens l'aimait, et elle s'amusait beaucoup à vérifier 'combien l'aimait les gens'. Surtout quand c'était Jack, son âme soeur. Et elle avait bien vu qu'il avait fait exprès de ne pas remarquer son entrée ... inhabituelle.

-Mais enfin, Jack ! Tu ne te souviens pas de lui ? C’était celui qui t’avait renversé son gaspacho d’aubergine dessus au Bal de Noel, l’année dernière !

La maladresse était un des problèmes avec les familiers. Quand on les fatiguait un peu trop, ils devenait comme lobotomisés et étaient très maladroits. Thomas Prescott en était un exemple des plus flagrants. Déjà pas très adroit de nature, il était un vrai boulet quand Mimi le 'buvait' un peu trop... Cet incident avait d’ailleurs beaucoup énervé Jack, qui reprochait toujours à Mimi de forcer un peu trop sur les doses de sang prélevés. Bof ! Ils s’en sont toujours remis, non ? Aussi ajouta-t-elle, pour ne pas raviver leur discussion à ce sujet :

-Mais il a toujours été maladroit de nature !

Et elle adressa à Jack un grand sourire innocent qui avait le don de l’énerver.

Mimi avait toujours été plus insouciante que Jack. Depuis toute petite, Madeleine ne s’occupait que de son bien-être, et de celui de son âme sœur. Il était déjà bien arrivé qu’elle apprécie vraiment quelqu’un et ne s’en occupe pas seulement pour ses propres intérêts, mais c’était rare. Car Azraël, Terreur du Ciel, ne montre jamais ses sentiments. En cela, Jack se différenciait. Plus sombre, plus réservé, mais aussi plus attentionné –et plus sérieux, elle comprenait qu’il attire la gente féminine Sang-Rouge … et pas que.

Mimi avait déjà eu quelques prises de becs avec lui au sujet du respect des familiers –sujet rasoir selon elle. Ses familiers avaient toujours survécu, non ?! Enfin… on peut dire ça comme ça. Ils avaient ce petit air de mort cérébrale qui surprenait et agaçait les gens. En particulier Jack et le Comité. Surtout quand, comme son jumeau, ils en faisaient les frais… Mimi pouffa au souvenir de l’incident au Bal, l’année dernière. Bien que Jack eut l’air d’être sur le point d’exploser –elle admirait d’ailleurs son self-contrôle – Madeleine avait trouvé la situation plutôt comique…

-Allez ! Avoue que c’était plutôt marrant, quand on y repense ! répondit-elle en posant sa main sur son épaule. Et puis, tu vois, j’ai fait un effort : je l’ai quitté plus tôt que prévu, parce que tu ne pouvais plus l’encadrer… Son sang avait pourtant une saveur délicieuse !

C’était vrai. Le sang de Thomas Prescott était, contrairement à lui-même, absolument formidable. Il avait ce petit goût sucré à la fois que n’ont que les sangs bien pur. Car l’un des grands fléaux chez les familiers était la drogue. Elle donnait au sang un arrière-gout amer un peu frustrant. C’est pour cela que Mimi proclamait partout qu’elle était contre la drogue. La raison officieuse étant qu’elle avait une préférence pour les sangs bien purs. Ceux-ci devenant de plus en plus rares par les temps qui courent. Malheureusement, de nombreux riches héritiers n’avaient que ça à faire, et Azraël devait s’en contenter … Elle compensait d’ailleurs la qualité par la quantité, ce qui l’obligeait à changer réguliérement de familier ! Aussi répondit-elle à Jack :

-C’est pas ma faute si j’ai un gros appétit !

Voyant que son jumeau ne répondait pas, elle ajouta à moitié en soupirant, à moitié en souriant :

-Bon, on va pas revenir là-dessus, c’est un sujet très ennuyant, et aujourd’hui, j’ai envie pas vraiment envie de me prendre la tête. Allez, change-moi les idées !

J'avais beau être beaucoup plus froid que Mimi, j'étais beaucoup plus attentionné qu'elle et moins réservé au niveau de mes sentiments pour qui que ce soit ! Et surtout contrairement à ma soeur jumelle, j'étais beaucoups plus attentionné avec mes sangs rouges, même si je n'avais jamais de réels sentiments pour eux. Je ne les gardais jamais très longtemps, leurs airs mort vivants m'aggacé très rapidement ! Encore qu'ils avaient l'air plus vivante que ceux que Mimi ramenait, eux ils étaient à deux doigts du coma, ce qui me posais un probléme, car le jour où elle en tuera un sans faire exprès ... En fait je voudrais ne pas être là ce jour-là. Malheureusement elle était belle, et donc trouvait très facilement des familiers, ils défilaient donc et souvent elle changeait, au moins c'était un risque en moins qu'elle en tue un, mais ca ne me plaisait pas tant que ca, même si jamais je ne l'aurais avoué. En gros j'étais obligé de faire attention pour elle et de les surporter! Je lançais un regard noir à Mimi :

_" Mais bien sûr j'en ris encore, ca ne se voit pas ?! elle posa sa main sur mon épaule je levais les yeux au ciel :" Mais quel honneur, j'en reviens pas !"

J'étais d'humeur ironique aujourd'hui ! Je la regardais, elle avait le don de m'énerver brutalement avant de me calmer d'un seul coup. Je ris en entendant son excuse, elle était pas terrible ! J'avais déjà entendu beaucoups plus réaliste, mais bon. Je passais mon bras autour de son épaule, je n'avais pas envie de me prendre la tête non plus.

_" Alors que puis-je faire pour te changer les idées ?"

Ce contact pouvait paraitre bizarre mais tous le monde étaient tellement habitués que ca passait presque innaperçu, ou alors les gens désiraient être à notre place.

Mimi sourit lorsque Jack passa son bras autour de ses épaules. Les réactions des jeunes Sang-Rouges étaient tellement amusantes ! En effet, voir les Force se porter plus de marques d’attention qu’à leurs petits copains / petites copines respectifs se révélait troublant pour les nouveaux arrivants de Duchesne. Mais très vite, ils s’habituaient, comme tout le monde en fait. Ceux qui se révèleront Sang-Bleus comprendront pourquoi, et les autres … n’avaient pas d’importance. Mais ce qui ravissait Madeleine au plus haut point était les regards limites meurtriers des autres filles. Comme elles auraient voulu être à ma place, les pauvres ! Mimi considérait sa vie comme réussie au plus haut point, et aimait qu’on la jalouse -qu’on la déteste- pour cela. Ce n’était pas pour rien que les tabloïds la surnommaient ‘La jeune fille la plus fabuleuse de toute l’histoire de Manhattan’ ! Et elle associait avec beaucoup de condescendance son frère à cette réussite.

-Je ne sais pas, moi ! Raconte-moi … Ben tiens, raconte-moi ton entrainement de crosse !

Après un petit instant de réflexion, elle rectifia :

-Non, en fait, ça ne m’intéresse pas vraiment. Je crois que je préférerais parler de la soirée de ce soir. Tu viendras, n’est-ce-pas ? Je crois que c’est chez Brighton, un Sang-Rouge.

Tout en discutant, ils commençaient à se diriger vers le bâtiment principal. Devant eux, à une dizaine de mètres, en plein milieu de la cour, se trouvaient un groupe composé de Sang-Bleus et de Sang-Rouges, tous mieux habillés les uns que les autres, qui les regardaient avec insistance. Mais ils ont quoi ? Mimi réalisa alors que c’était ses ‘amis’ -leurs amis. Elle eut alors un regard complice avec Jack, et grimaça.

-Rôh non, pas eux !

Elle n’avait pas envie de jouer au petit jeu de la société ce matin. Elle préférait discuter seule à seul avec son jumeau. Aussi, toujours tenue par Jack, fit-elle un habile petit détour pour éviter la bande. Cela ne leur plairait pas, mais ils ne diront rien. Mimi n’était-elle pas la reine de Duchesne ?

-Bon, reprenons … On parlait de quoi, déjà ? Ah oui ! De la fête de ce soir !

En bonne fille populaire qu’elle était, Madeleine était souvent, pour ne pas dire tout le temps, invitée à plusieurs soirées en même temps. Aussi sa présence à une fête signifiait que c’était l’endroit où il fallait être vu, sous peine d’être étiqueté ‘ringard’. Mimi aimait savoir que son avis avait de l’importance, que les gens agissaient suivant ses décisions. Tous les jours, elle se faisait un petit récapitulatif des fêtes à venir, de celles où elle était invitée mais où elle n’irait pas, et de celles où elle irait, invitée ou non. Il lui arrivait d’ailleurs souvent d’aller à plusieurs fêtes un même soir, Mimi ne restait jamais toute la nuit à une même soirée –sauf si celle-ci revêtait un aspect spécial comme le Bal des Quatre Cents. Evidemment, dès qu’elle changeait de lieu, c’était comme si la moitié de la salle se vidait : nombreux étaient ceux qui espéraient rentrer un jour dans le cercle très fermé de ses « amis ». Tout le monde suivait, personne ne protestait. Sauf peut-être Jack. Même si Azraël faisait paraître le contraire, elle prenait généralement compte de son avis sur les choses. Car après tout, Abbadon était une partie d’elle-même, non ?

Ce soir-là, Mimi avait décidé d’aller à la soirée d’un Sang-rouge de Duchesne, un représentant parfait de la catégorie des « fils à papa ». Pour le moment, elle envisageait d’y rester tout le long. Pour une fois qu’elle préférait se caler quelque part et y rester au lieu de faire un marathon des soirées… Elle y trainerait bien sûr son jumeau avec elle, de gré ou de force. Depuis le temps, il avait l’habitude, et il capitulait plus rapidement qu’avant. Sa remarque à ce sujet la fit rire, de même que sa proposition pour éviter leur groupe, devant eux. La façon qu’ils avaient de penser la même chose au même moment l’amusait. Elle se rendait alors vraiment compte qu’ils n’étaient pas comme les autres, qu’ils étaient faits pour être ensemble depuis leur création, il y a très très très longtemps.

Azraële râla, pour la forme, à la remarque amusée de son frère sur sa volubilité :

-T’as qu’à m’interrompre si tu veux parler ! puis d’ajouter maliceusement : A moins que tu n’aies peur de moi…

Elle était sûr que son frère avait dit ça pour l’embêter, alors elle se vengeait. Madeleine adorait leurs petites joutes verbales, dont tantôt l’un sortait gagnant, tantôt l’autre. Elle savait très bien comment son frère réagirait, et lui de même, ce qui rendait tout cela beaucoup plus amusant à ses yeux. Tout en marchant, Mimi changea de sujet pour revenir à un sujet plus sérieux –enfin… pour elle : la fête de ce soir.

-Oh, c’est juste une soirée comme ça, une fête où l’on ne fête rien du tout. Tu vois le truc, quoi : musique, danse, cocktails et cigarettes !

Futile était un mot qui caractérisait bien Mimi. Elle aimait avoir plus de vêtements qu’elle ne pourrait en mettre en toute une vie, faire la fête toute la nuit, changer de familier plus de fois que nécessaire, dépasser allègrement les limitations de vitesse… Plus c’était dangereux et interdit, mieux c’était ! Rien de mieux qu’un shoot d’adrénaline : tel était le mantra de Madeleine. En vérité, elle ne risquait pas grand-chose : Azraël était immortelle, car Sang-Bleu, et intouchable, car fille de Charles Force. La plupart du temps, elle aimait trainer son jumeau avec elle. Un jour, elle s’était promis qu’elle sauterait du pont de Brooklyn, la nuit. Ne restait plus qu’à convaincre Jack de venir avec elle. Ce ne serait pas une mince affaire, mais Mimi réussirais, elle en était persuadée.

Il ne peut pas me résister ! s’amusa Madeleine intérieurement. Pour la fête de ce soir, c’était déjà dans la poche. Ou presque… Le petit malin avait réussi à gagner un instant de répit. En voulant l’inciter à venir, elle lui avait en fait donné une occasion de se dérober. Cependant, avant qu’elle ait le temps de répliquer, Benjamin avait continué. En c’était presque pire. Elle sourit, mi-figue mi-raisin :

-Qu’est-ce que tu peux être énervant, parfois, Jack ! Tu sais très bien que j’en parlerais à un moment ou à un autre de la journée !

C’était ça qui était embêtant. Son frère la connaissait comme sa poche, comme elle le connaissait, d’ailleurs. Deux moitiés d’une même âme… Benjamin savait très bien qu’elle était bavarde comme une pie et qu’elle ne pourrait pas s’empêcher de reparler de la fête de ce soir. Mais elle n’était out non plus. Car elle aussi connaissait les faiblesses de son jumeau. Sous ses airs sombres, Abbadon était en fait assez tendre et attaché aux gens. Une « faiblesse » qu’Azraël se vantait de ne pas avoir. On la surnommait Azraël Sans-pitié, et elle allait se venger de Jack. Avec une petite moue triste et séductrice, Madeleine s’adressa à son frère en lui lissant le col de sa chemise :

-Allez, viens… Fait le pour moi, au moins !

C’était une question piège, Mimi le savait. Soit son frère décidait de venir à la fête pour ses beaux yeux, soit il ne voulait quand même pas y aller, et Azraël risquait de ne pas le prendre très bien malgré ce qu’elle en dira. Ce dilemme mettait son frère dans une position délicate, elle en avait pleinement conscience. Même si elle ne se l’avouait pas, Madeleine en retirait un plaisir coupable. Elle allait savoir si elle comptait vraiment pour son frère…

Avec Mimi, c’était noir, ou c’était blanc. Jamais gris. Elle disait oui ou non, avait toujours un avis bien tranché, et s’y tenait. Elle se contrefichait de la justesse de sa décision, du moment qu’elle gardait le cap. Azraël était très déterminée et détestait les opportunistes qui retournaient leur veste toutes les cinq minutes. Rien de plus énervant que quelqu’un qui vous dit « le blanc est la couleur de l’été », et qui vous répond quand vous lui dite que c’est la rouge « je suis tout à fait d’accord avec toi ». Evidemment, les choix de Mimi ne paraissaient jamais mauvais ou faux, puisque tout le monde s’y rangeait, comme de sages petits toutous. C’était toujours comme ça : les autres étaient toujours du même avis que Madeleine Force, ce n’était jamais, au grand jamais, le contraire. Cette espèce de « labrador attitude » horripilait Mimi tout la satisfaisant. Contradictoire ? Juste à peine.

Jack, son âme sœur, était plus tempéré. Quand Mimi fonçait droit dans le tas, et tant pis pour les conséquences, Benjamin préférait utiliser son cerveau pour contourner l’obstacle. Bien sûr, Azraël assumait de suivre ses impulsions, et arrivait toujours à se sortir de l’affaire en usant de son bon vieux carnet de chèques ou sa langue bien pendue et son sens inné pour la manipulation. Certaines mauvaises langues pourraient trouver Jack fade, ou Mimi sans cervelle. Mais en réalité, les choses étaient un peu différentes. Sous ses airs de princesse futile, Madeleine utilisait de son cerveau, même si ce n’était pas toujours à des fins très honorables. Et Benjamin avait un sang bien plus bouillonnait qu’on ne le pensait. Comme sa sœur jumelle, il lui arrivait d’avoir des coups de sang chaud –ou de froid.

C’était peut-être cela, être âmes sœurs : chacun a en soit un petit bout de l’autre…

Une fois encore, Mimi avait décidé de foncer dans le tas en posant la question piège à Jack : se forcera-t-il à venir à la soirée pour elle, ou non ? Mais Benjamin Force restera toujours Benjamin Force, et Madeleine n’eut pas la réponse qu’elle voulait : son frère avait bêtement et simplement jugé la question trop déloyale pour y répondre.

Mimi soupira. Elle savait qu’il finirait par céder, c’était juste horripilant de voir qu’il faisait exprès de ne pas l’avouer pour l’exaspérer. Mais il allait voir. Azraël ne digérait toujours pas de voir son jumeau se rapprocher de la petite peste de Théodora. Quelle plaie, celle-là ! Mais elle n’était pas l’âme sœur de Jack pour rien, et elle savait qu’il lui reviendrait, comme toujours. Depuis les siècles qu’ils étaient ensemble, la SDF en chef n’était pas la première à courtiser sa moitié ! Elle voulait juste en profiter pour embêter son frère, et lui faire dire qu’elle seule comptait. Elle regarda Jack avec une petite moue boudeuse à laquelle il ne résistait jamais.

-Ne me dit pas que tu préfères aller retrouver l’autre plouc de Théodora !

Au même instant, la cloche signalant la reprise des cours sonna, et quelques élèves rentrèrent dans le bâtiment, bientôt suivis d’un flot d’adolescents. Tous montaient les escaliers, tandis que Mimi et Jack restaient sur le côté, attendant que ça se calme pour rejoindre leur salle de cours sans froisser leurs vêtements. Enfin… C’était plutôt les critères de Madeleine…

Mimi ne pouvait jamais s’empêcher, quand elle n’était pas satisfaite, de lancer des piques au gens. Pour se venger ? Probablement ! La plupart du temps, elle devenait un peu rêche comme ça quand une de ses amies « proches » avaient quelque chose de mieux qu’elle : un petit copain trop canon, le dernier sac Chanel avant elle, une invitation à la prochaine soirée à laquelle elle n’était pas invitée… A chaque fois, Madeleine Force s’arrangeait par ses remarques à faire en sorte que la personne soit dégoutée de son avantage. Le dernier cas en date était celui de la pauvre Emily Coddington : une Sang-Rouge qui avait trouvé comme petit copain un riche portugais au sang chaud de passage en Amérique. Jalouse, car elle-même n’était jamais sortie avec un portugais, Azraël n’eut rien de mieux comme idée que de le prendre comme familier. Emily ne l’avait à vrai dire toujours pas avalé.

Le seul à n’avoir jusqu’à maintenant subit aucun courroux royal de Madeleine, était évidemment, Jack Force, son âme sœur - encore lui. S’ils s’envoyaient régulièrement des vannes et se chamaillaient comme des enfants, Azraël et Abbadon ne s’étaient jamais comportés vraiment méchamment l’un envers l’autre. Les familières de Benjamin tout d’abord, n’étaient pas un problème pour Mimi. Elle ne voyait pas comment l’une pourrait prendre sa place dans le cœur de son frère. Parfois, voire même souvent dans le passé, des Sang-Bleus avaient bien essayés de lui voler sa moitié. Si cela la dérangeait, elle ne s’en était jamais inquiété outre mesure. Azraël était sûre qu’Abbadon la préférerait toujours aux autres. Il n’avait d’ailleurs jamais montré d’attachement particulier envers l’une ou l’autre, se contentant de vagues flirts.

Le seul bémol dans la vie parfaite de Madeleine résidait pourtant là. Pour une fois, Jack semblait s’intéresser à l’une de ces prétendantes. La petite Van Alen. Mimi avait déjà été très surprise de sa présence au Comité ? Qui aurait pu deviner que cette petite pouilleuse était une Sang-Bleu, un ange déchu ? Cela troublait un peu Azraël, car elle ne s’imaginait pas que Benjamin puisse flirter avec une autre vampire qu’elle-même. Normalement Mimi ne se serait pas sentie menacer par un simple badinage, mais c’était l’attitude de Jack vis-à-vis d’elle et le mystère entourant Théodora qui l’inquiétaient. Elle ne se souvenait pas de cette dernière, et son frère semblait la repousser en ce moment.

Bien sûr, ils continuaient de se parler et de s’adorer, mais la rancœur de Mimi s’installait petit à petit entre eux et noircirait le beau tableau qu’ils formaient. Mais Azraël était sûre que tout ceci ne durerait pas. En attendant, elle lançait embêtait son frère pour le forcer à avouer que Théodora Van Alen n’était qu’un petit joujou de passage. Ce qui n’était pas gagné : encore une fois Jack éludait sa question piège sur Théodora-la-clocharde. Mais c’était presque passé à la trappe, son âme sœur ayant rendu les armes et déclaré qu’il avait décidé depuis longtemps d’y aller, ne voulant pas la décevoir. (C’est en tout cas ce qu’Azraël interpréta de ses propos) Peut-être que sa réaction face au problème Van Alen était un peu disproportionnée ? Bah ! L’avenir nous le dira !

Revenant sur une discussion un peu plus plate et moins risquée, Madeleine expliqua son programme après-cours à Jack, tout en montant les grands escaliers désormais presque déserts de Duchesne :

-Alors je vais rentrer à la maison -ça, tu t’en doutes-et je vais manger parce que j’aurais faim. Ensuite, je vais trainer un peu, avant de me préparer pour la soiréééééé ! Tu vas voir, je vais mettre ma nouvelle robe, elle est trop BELLE ! C’est une robe cocktail Hervé Leger couleur corail, très moulante, et avec un dos-nu… Je l’ai achetée il y a deux semaines, mais je l’ai gardée pour la mettre un soir ou tu sortiras avec moi. Ah oui, la soirée est à 21h30, donc faudra que tu sois prêt à 22h…Même si je pense que ce sera moi la dernière ! Le meilleur pour la fin, comme on dit ! … Je rigole, Jack … Mais ça ne sert à rien de se dépêcher pour se faire beaux, puisque les soirées ne commencent vraiment que vers 22h. Comme ça on sera à l’hotel de Brighton à 22h15, quand ça sera vraiment cool. Tu verras, on va bien s’amuser. Ca me fait tellement plaisir qu’on y aille ensemble…

La deuxième sonnerie de Duchesne retentit. Ils étaient en retard.

La réaction de Mimi envers Théodora ne m'avait en réalité pas vraiment surprise, elle voulait que je ne sois qu'à elle, en oubliant presque parfois que j'étais quelqu'un en dehors d'elle, que j'avais des amis (que je trouvais ennuyeux à mourir) et des familiers (magnifiques mais sans cervelle). De toute façon Mimi était mon âme soeur et aucune relation ne pourrait être comparable à celle que je vivais avec elle, après tout nous n'étions totalement nous même que lorsque nous étions tous les deux, nous retrouvions notre grandeur. J'éludais pourtant la question, lui disant que j'avais déjà prévu d'y aller avec elle et lui souriais.

J'engageais la conversation sur quelque chose de moins dangereuse et qui risquait moins de la froisser : Son programme pour la soirée. Je souris amusé lorsqu'elle commença à me raconter son planning dans les moindres détails, n'avait elle donc pas compris que j'avais une idée derrière la tête pour lui avoir demander ça ? Je montais les escaliers à côté d'elle essayant de rester concentré sur la masse d'information qu'elle me donnait d'un seul coup. Nous allions être en retard à cette soirée, comme d'habitude ce n'était pas surprenant, c'était presque une tradition chez les Forces, arriver en dernier et que tout le monde nous regarde, même si je ne l'avouerais jamais ça ne me déplaisait pas tant que ça lorsque j'étais accompagné de Mimi. La deuxième sonnerie retentit, nous étions en retard, comme d'habitude, nous allions bien entendu nous le faire reprocher comme d'habitude ! Je ne comptais plus le nombre de fois où on m'avait dit qu'il faudrait penser à investir dans une montre. Je ne me dépêchais pas pour autant :

_" Ca c'est du programme !"

J'avais une belle occasion de l'embêter encore un peu, histoire d'avoir le dernier mot pour une fois, je pouvais toujours rêvé non ?

_" Dommage que tu n'es pas deux heures à m'accorder nous aurions pu aller manger ensemble..."

Sous entendu rien que tout le deux. Bon d'accord, c'était une invitation déguisé. Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit je rajoutais :

_" Tant pis ! On verra ça plus tard !"

Ainsi donc, Jack voulait l’inviter au restaurant. Pour une fois, Mimi ne l’avait pas vu venir, celle-là ! D’habitude, elle devinait ses intentions avant même qu’il les ait formulées. Mais il fallait croire qu’elle était tellement centrée sur elle-même aujourd’hui qu’elle ne remarquait rien d’autre.

Madeleine était très flattée que son âme sœur ait pensé à elle. Même si son ton avait quelque chose d’un peu ironique, elle n’en pris pas compte. Elle adorait discuter avec Abbadon pendant des heures, déguster de nouveaux plats, se remémorer le passé… C’était un peu leurs moments juste à tous les deux, ces diners. Azraël trouvait parfois comique le fait d’aimer savourer l’alimentation humaine, alors que leur nourriture commune, et la seule dont ils aient besoin, était leur sang. Mais franchement, qui pourrait résister à une côte de bœuf grillée au citron, à un sushi au caviar ou encore à un gros cupcake tout rose ?! Surement pas Mimi…

Alors qu’elle était en train de réfléchir au lieu où ils pourraient manger ce soir, Jack rajouta quelque chose lui signifiant que sa proposition tombait à l’eau, puisqu’elle n’avait pas de temps à lui consacrer. Madeleine se doutait à son sourire en coin qu’il avait dit ça pour la décider, mais elle ne put s’empêcher de réagir :

-Mais Jack, c’est une idée géniale ! Je suis sûre que j’arriverais à compresser mon emploi du temps pour qu’on trouve 2 heures pour aller manger ensemble… (Elle lui fit un petit clin d’œil et ajouta :) On pourrait aller chez Primavera, tu sais, le nouveau italien sur la 5th Avenue ? A moins que tu n’ait déjà une idée, bien entendu !

Ils continuaient à parcourir les couloirs pour rejoindre leur salle de cours. Peu d’élèves trainaient encore devant les salles de cours, les classes étaient rentrées. Ils ne restaient que les retardataires, dont Benjamin et Madeleine faisaient partie. Cette dernière, ne se rappelant toujours pas de son emploi du temps ni de celui de son jumeau, alors qu’on était à la moitié de l’année, se retourna vers lui et lui demanda :

-Au fait, tu as quel cours, là ? Je crois que j’ai maths… Si on est ensemble, on pourra discuter de tout ça en cours… Non ?

Il était très rare que je prenne moi même l'initiative d'inviter Mimi au restaurant sans qu'elle me les de façon assez explicite demander de la faire et au vu de la tête de mon âme soeur j'avais bel et bien réussis à la surprendre ! J'aimais ses soirées il faut bien l'avouer, nous discutions de tout et de rien, nous parlions du passé, nous passions vraiment un bon moment et cela me suffisait, pas besoin d'énormément de strass et de paillette si ce n'est les chiffres de l'addition assez salé à chaque fois. Personnellement n'importe quel endroit me conviendrait mais mieux ne valait il pas proposer un fast food à Mimi, c'était du suicide, et même si jamais je ne le reconnaitrais ce n'était pas non plus tellement "mon truc".

Je continuais en disant que ce n'était pas grave que nous pourrions aller manger une autre fois, mais c'était surtout un moyen de l'embêter, je savais que pour moi elle trouverait toujours une heure ou deux quitte à annuler une de ses soirées. Malheureusement j'étais beaucoup trop prévisible, elle me connaissait beaucoup trop, pour qu'elle croit ce que je venais de dire. Immédiatement elle réagit et je hochais la tête de façon positive :

_" 2h ? Waw je peux m'estimer heureux ! mais ca me vas ! Je te fais confiance tu t'y connais mieux que moi en restaurant "

Ca c'était certain, j'avais toujours été plutôt du genre à trainer les pieds pour aller au restaurant qu'à courir. Je laissais donc le choix à ma moitié, elle savait parfaitement les réputations et où il fallait ou il ne fallait pas être. Je regardais autour de nous le couloir était vide nous étions en retard.

_" Oui nous avons math ensemble et il serait peut être temps d'y aller."

Je poussais la porte de la salle et entrais après Mimi, bien entendu nous furent gratifié d'un tien voilà les jumeaux Force, mais au vu de mon regard, le prof comprit très rapidement que s'il y avait un moment pour se taire c'était maintenant. Je prenais place à côté de Mimi.

_" Alors qu'est ce qu'on disait ?"

Les jumeaux Force avaient pour trait de caractère commun l’ironie. Ils ne la relevaient d’ailleurs quasiment plus l’un chez l’autre tellement cela leur devenait naturel. Ca faisait partie de leurs petites chamailleries habituelles. Mimi ne fit que lever les yeux aux ciel quand son frère se moqua de son soi-disant emploi du temps chargé. Ça n’était pas bien grave, tout ça, du moment qu’il l’emmenait au restaurant… Si une autre personne lui avait fait la même remarque sur le même ton, elle croupirait probablement aux Enfers des Rejetés de Duchesne. Ne jamais critiquer Madeleine Force en public était LA règle d’or pour survivre en société. Ce qui n’empêchait pas les « toutous » de Mimi de le faire derrière son dos.

Azraël nota dans un coin de sa tête de penser à réserver chez Primavera, donc. Au pire, si elle oubliait, ce ne serait pas bien grave. Tout le monde connaissait les Force à Manhattan, et ce serait le restaurateur qui s’empresserait de libérer une table pour eux.

Lorsque Jack poussa la porte de la salle de maths, tous les élèves se tournèrent vers eux, ainsi que le prof. Mimi ne lui fit même pas l’honneur de répondre à sa remarque. Depuis le temps, tous les profs avaient l’habitude de ne jamais voir Azraël arriver à l’heure. Ceux qui étaient des Sang-Bleus se gardaient de faire des remarques, sachant très bien qu’elle était l’Ange de la Mort, et Jack celui de la Destruction, et les professeurs « normaux » sentaient bien qu’il ne valait mieux pas essayer de les fâcher. Rien que le nom de famille « Force » inspirait le respect à tous les New-Yorkais dignes de ce nom.

Azraël et Abbadon s’assirent donc à leur table presque attitrée, dans un coin au fond, près d’un radiateur. C’était l’avantage d’avoir des millénaires de savoir enregistrés dans son cerveau : rien ne servait d’écouter, puisque les solutions leur venait naturellement à l’esprit ! Mimi reprit sa discussion avec Benjamin :

-On parlait du resto de ce soir… J’ai hâte ! On ira juste avant la soirée, non ? Comme ça au pire, si on est trop bien là-bas, on sèche la soirée…

Elle jeta un regard en coin à son frère, et remarqua bien que la perspective de peut-être sécher la soirée lui faisait particulièrement plaisir. Au final, c’est surement lui qui va sortir gagnant dans cette histoire : on va grâce à son initiative peut-être ne pas aller à la soirée où j’avais réussi à le convaincre de venir… Au fond, c’est pas bien grave, du moment qu’il paye la note du restaurant ! Mimi Force n’était pas radine, et avait de quoi payer un repas à Tout-Manhattan dans sa carte gold. Mais tout de même… un peu de galanterie n’avait jamais fait de mal à personne !

Le reste de la journée se déroula sans encombre. Mimi snoba quelques premières années, lança des piques aux élèves vêtues des collections passées, fut insolente avec ses professeurs et se pavana au milieu de sa petite cour. La routine, quoi… Mais par rapport aux autres jours, on pouvait noter que Madeleine Force était d’une particulière bonne humeur. Et pour cause : elle n’arrêtait pas de penser à la soirée qui s’approchait, et à son diner chez Primavera avec son âme sœur, Jack.