Dans les souvenirs de Theodora, l'été n'avait jamais laissez aussi vite sa place à l'automne. En ce début de mois d'octobre, les manches longues prenaient déjà place dans les gardes-robes. Les foulards de tous genres étaient offerts en quantités industrielles dans les grandes surfaces que la jeune Van Alen fréquentait, alors que ces congénères du lycé Duchesne optait pour des boots hautes doublées dans les vitrines de chez Tiffany. Pour Theodora, rien ne valait mieux qu'un gros cardigan en cette saison fraîche et pluvieuse.
Mais malgré la température plutôt humide, les grandes portes vitrées de tous les étages de l'école étaient ouvertes. Le vent s'engouffrait par le portail des terrasses encore grouillantes d'étudiants, traversant les couloirs pour refroidir quelques salles de cours non fermées à clés. Laisser les espaces de détentes encore accessibles en ce temps frais était un réconfort pour tous. Même pour Theodora.
Le vent faisait balancer ses longs cheveux noirs ondulés, alors que le froid transperçait ses vêtements, ses os. Peu lui importait, car en cet instant, tout lui semblait simple et incroyablement beau. Theodora était ainsi; elle n'avait pas besoin de douces illusions issus de longs métrages cinématographiques ni de paroles aux tintements chaleureux pour se sentir bien. Seule une grande inspiration au grand air la soulageait de son quotidien. Puis, entre deux cours forts ennuyeux, rien ne valait ce petit moment de tranquillité, même partagé avec d'autres élèves qui en faisaient tout autant qu'elle.
L'ambiance négative qui régnait autour d'elle face à l'arrivée de l'hiver ne la touchait guère. Elle entendait à peine les paroles des autres, étant désormais habituée à ignorer la plupart des jeunes de Duchesne. À ses yeux, ils étaient plutôt snobs, sélects et très désagréables à côtoyer. Pour Theodora, seules quelques exceptions se détachaient du reste du troupeaux.